Né le premier novembre 1945 à Buenos Aires (Argentine), Ernesto Drangosch est le deuxième enfant de Hugo Drangosch, vétérinaire, et petit-fils de Ernesto Drangosch, pianiste prodige et remarquable compositeur argentin (Ernesto Drangosch – Wikipedia / Música Clásica Argentina – Ernesto Drangosch (musicaclasicaargentina.com) / Ernesto Drangosch.avi – YouTube). En 1960, âgé de 15 ans, il passe l’examen d’entrée à l’Ecole des Beaux-arts Manuel Belgrano de sa ville natale (Escuela Superior de Bellas Artes Manuel Belgrano (infd.edu.ar). En 1962, il quitte les Beaux-arts et poursuit ses études au sein de l’« Atelier Castagnino » (Former home of Juan Carlos Castagnino | Official English Website for the City of Buenos Aires / Casa de Castagnino – Buenos Aires (wikimapia.org). Il y participe à une première exposition de groupe en 1963, avant de commencer, en 1964, sa longue itinérance à travers le monde.
Parti d’abord pour Sao Paulo (Brésil), il obtient une bourse d’étude à l’Institut Alvarez Penteado, où il expose avec plusieurs artistes la même année. Un travail supplémentaire de dessinateur publicitaire lui permet d’améliorer ses conditions de vie.
En 1965, sur le chemin de retour vers Buenos Aires, Ernesto Drangosch attiré par le mouvement constructiviste (Artistes par mouvement artistique: Constructivisme – WikiArt.org) fondé en Uruguay par le peintre, écrivain, théoricien et visionnaire Joaquin Torres Garcia (1874-1949 Bio – Joaquín Torres García (torresgarcia.org.uy) décide de faire escale à Montevideo (Inicio | Descubrí Montevideo (descubrimontevideo.uy) / Turismo | Intendencia de Montevideo.)
Ernesto Drangosch prolonge son séjour et décide de s’installer à Montevideo où il suit les enseignements de l’« Atelier Torres Garcia » et reçoit les leçons de Augusto Torres (1913-1992 Augusto torres (second.wiki) Augusto Torres – Wikipedia, la enciclopedia libre / Augusto Torres in our gallery | Art gallery in Barcelona Sala Dalmau).
En 1966, il continue ses études avec Manuel Lima (Manolo Lima – Wikipedia, la enciclopedia libre / Mestre Manuel Lima – Página inicial | Facebook) qui l’introduit dans le milieu artistique uruguayen puis de 1967 à 1969 avec José Gurvich (1927-1974 Museo Gurvich / José Gurvich – Wikipedia). Il étudie également la gravure au sein du « Club de Gravure de Montevideo » (Anáforas: Club de Grabado de Montevideo (fic.edu.uy) / Club de Grabado de Montevideo : 22 Aniversario 1953- Agosto 1975 · ICAA Documents Project · ICAA/MFAH).
Il travaille comme assistant scénographe au Sodre, théâtre national de l’Uruguay (INICIO – Sodre), où il rencontre la danseuse classique Carmen Kusina. Ils se marient en 1967. Un nouvel univers artistique s’ouvre à lui au travers de la danse et du théâtre.
Ernesto Drangosch et son épouse s’installent dans le quartier « el Cerro » en raison de son caractère indéniablement animé (Cerro de Montevideo – Wikipedia, la enciclopedia libre / Cerro de Montevideo | Descubrí Montevideo (descubrimontevideo.uy) . El Cerro, situé sur la seule colline de Montevideo, attirait de nombreux artistes parmi lesquels Gonzalo Fonseca (1922-1997 Gonzalo Fonseca – Wikipedia, Julio Mancebo (J.Mancebo (jmancebo.com) / Gonzalo Fonseca – Wikipedia) et José Gurvich (1927-1974 Museo Gurvich / José Gurvich – Wikipedia), tous liés aux activités de l’Atelier Torres. Surgissent alors sur ses toiles, les ruelles, les maisons modestes, les activités humbles de tous les jours.
Il rencontre le galeriste et marchand Enrique Gomez (El marchand generoso: Enrique Gómez (1930-2019) | la diaria | Uruguay), propriétaire de la galerie « U » qui l’invite à participer à plusieurs expositions individuelles et collectives (1968, 71, 72). Il expose, entre autres, avec son ami le peintre argentin Adolfo Nigro (1942-2018 Arte de la Argentina – El portal de artistas argentinos, museos, salones y principales galerías / Falleció el artista Adolfo Nigro – LA NACION). Les articles parus dans la presse parlent « des tendances cubistes » de l’artiste, trouvent son travail « téméraire », soulignent ses talents de dessinateur tout en relevant une emprise indéniable de l’univers de Torres Garcia.
Grâce à l’intervention de la galerie « U », Drangosch réalise une première commande en 1969. Il s’agit d’un décor mural en céramique, destiné à orner un bâtiment dit « Citadella » à Buenos Aires, commande étendue en 1974 à un deuxième panneau.
Après plusieurs années de tensions politiques croissantes en Uruguay, se produit un soulèvement militaire instaurant le 27 juin 1973 une dictature civilo-militaire. La répression est d’une violence extrême et le couple Drangosch-Kusina, bien que n’étant pas des activistes politiques, cachent dans leur maison des opposants persécutés par la dictature. La situation est insoutenable et le couple Drangosch-Kusina décide au début de l’année 1974 de quitter le pays pour l’Europe.
Leur arrivée à Barcelone coïncide avec celle de l’ancien professeur de Drangosch, Augusto Torres (Augusto Torres – Wikipedia, la enciclopedia libre / Augusto TORRES 2004 | Galería Sala Dalmau), qui loue un appartement en face du « Moll de la fusta » (jetée en bois) dans le port de Barcelone. Pendant 3 mois, Drangosch utilise comme atelier l’appartement de Torres qui était temporairement retourné à Montevideo. Depuis les fenêtres de l’appartement-atelier Drangosch est fasciné par l’activité portuaire. C’est alors qu’il peint d’immenses navires amarrés aux quais, entourés d’infrastructures lourdes, de grues et d’un tas de palettes en bois et de marchandises, de silhouettes humaines et d’ouvriers.
Quelques mois après son arrivée à Barcelone (Visit Barcelona Turisme de Barcelona Official), il apprend que sa maison à Montevideo est réquisitionnée par les militaires. Le 19 juillet 1974, son frère Hugo est assassiné en Argentine par la Triple A (Alliance Anticommuniste Argentine), organisation para-policière d’extrême droite et le 13 décembre de la même année sa jeune sœur Adriana, à peine majeure, ainsi que son époux sont assassinés laissant un nourrisson de quelques mois. Sa mère, ses deux autres sœurs et ses neveux et nièces traversent à pied la frontière brésilienne et parviendront plus tard à s’exiler aux Pays-Bas comme réfugiés politiques.
Ces événements tragiques marquent le début de l’exil d’Ernesto Drangosch, qui décide que sa place dans le monde est en Europe, définitivement loin de l’Uruguay et de son Argentine natale.
À Barcelone, il s’installe dans un appartement de la rue « Tallers » (Curiosidades sobre la calle de Tallers, Barcelona | Lugaris), à quelques mètres des célèbres Ramblas (Découvrir Barcelone : les Ramblas. Promenades dans Barcelone. | spain.info en français) . Il établit une relation brève mais étroite avec le peintre Augusto Torres (Augusto Torres – Wikipedia, la enciclopedia libre / Augusto TORRES 2004 | Galería Sala Dalmau), qu’il considère alors comme son maître.
Il expose à la galerie Syra en 1975 (Barcelone). Sa femme entre au ballet du prestigieux théâtre Liceo (Liceu Opera Barcelona (liceubarcelona.cat). Son ami Adolfo Nigro (Arte de la Argentina – El portal de artistas argentinos, museos, salones y principales galerías / Falleció el artista Adolfo Nigro – LA NACION), en voyage d’étude en Europe, Eva Díaz Torres (Eva Díaz Torres – Wikipedia), céramiste et petite-fille de Joaquín Torres García, écrivains, artistes des arts plastiques, de la danse et du théâtre, fréquentent sa maison.
En 1976, Ernesto Drangosch et sa femme partent à Ibiza pour participer à un marché d’artisanat, populairement connue comme le marché hippy. Le succès de leur travail sur l’améthyste (pierre semi-précieuse uruguayenne) leur permet d’augmenter substantiellement leurs revenus pendant les étés 1976 et 1977. Ils louent un petit mais bel appartement dans un ancien immeuble typique situé au cœur de la ville d’Ibiza qu’ils partagent dans un premier temps avec le jeune peintre Yamandú Canosa (Yamandú Canosa | Xippas), récemment arrivé en Espagne.
À Ibiza, également appelée l’île blanche et berceau de la mode «ad lib», une nouvelle phase commence dans l’œuvre picturale de Drangosch qui s’ouvre avec la série des baigneuses, inspirée de la vie balnéaire de l’île et marquée par l’influence picassienne (Les baigneuses, un grand thème dans la vie de Picasso (linternaute.com) / Musée Picasso Paris (museepicassoparis.fr).
En 1979, ils quittent Barcelone et Ibiza pour s’installer à Paris. Ils habitent dans un appartement-atelier dans la Cité Internationale des Arts. Le 15 février 1980 naît sa fille unique Adriana. Lors de son arrivée à Paris, Drangosch opère un changement radical dans sa peinture, rompt avec la doctrine constructiviste et revient à la figuration (Art figuratif — Wikipédia (wikipedia.org) au travers de la réalisation d’œuvres portant sur le thème de la danse classique, univers artistique de son épouse. Après une brève phase hyperréaliste, il prend à la fin des années 1980 de nouvelles voies qui le conduisent vers une nouvelle figuration, une relecture de la Figuration Narrative (Figuration narrative — Wikipédia (wikipedia.org / LA FIGURATION NARRATIVE (centrepompidou.fr) qui avait émergé à Paris à la fin des années 1960 et à laquelle il réussit à donner une forte empreinte personnelle. A partir de ce moment, il crée sa propre réalité, une réalité subjective et une nouvelle lecture de l’art dans laquelle figurent des éléments figuratifs et abstraits. Coexistent dans ses peintures la géométrie abstraite, la figuration et le surréalisme.
A Paris, Drangosch rencontre de nombreux artistiques avec lesquels il établit des liens forts d’amitié tels que Antonio Segui (1934-2022 Antonio Segui, site officiel, artiste peintre contemporain argentin (antonio-segui.com) /Antonio Seguí — Wikipédia (wikipedia.org) / Antonio Segui | MoMA), Moreno Pincas (Moreno Pincas — Wikipédia (wikipedia.org) / Moreno Pincas – Peintre – Association Mouvement Art Contemporain (amac-chamalieres.com), Eduardo Zamora (Eduardo Zamora (1942) – Arte Latinoamericano Paris / Zamora Eduardo FR | GALERIE DUCHOZE), Hugo Sbernini, Ines Vega, Abraham Hadad Abraham Hadad — Wikipédia (wikipedia.org) / Hadad Abraham fr | GALERIE DUCHOZE / Abraham Hadad – Accueil | Facebook), Pat Andrea (Galerie Strouk (laurentstrouk.com) / Pat Andrea — Wikipédia (wikipedia.org), Pierre Dessons (Pierre Dessons — Wikipédia (wikipedia.org) / Pierre Desson — Prix Fernand Cormon 2014 | Fondation Taylor), Marc Giai Miniet (Marc Projet (marc-giai-miniet.com) / Marc Giai-Miniet — Wikipédia (wikipedia.org).
Les décennies des années 1980 et 1990 sont des années de grande activité. Drangosch peint de façon obsessionnelle et n’interrompt son travail que pour enseigner au Musée du Louvre (Site officiel du musée du Louvre). Il participe à de nombreux Salons, expositions collectives et individuelles tant en France qu’à l’étranger. En sus de ses expositions à la Galeries Lefor Openo, Galerie 23 (Accueil (artgalerie23.com) et Galerie Hofmann, il participe régulièrement à de nombreux salons parisiens: Salon de Mai, Salon de Gravure, Salon Montrouge (Accueil – Salon de Montrouge), Salon de la Jeune Peinture, Salon 109 (Biennale 109 : Association culturelle d’expression figurative ) mais également dans les principales villes françaises: Lyon, Strasbourg, Metz, Nice, Cannes, ainsi qu’à l’étranger, en Espagne (Barcelone: Marianovich Arte; Madrid: Galería Novart), en Italie (Sicile) et au Japon (Tokyo Art Expo / Tokyo International Art Fair (tokyoartfair.com) où il vend ses œuvres. Dans toutes ces expositions, Ernesto Drangosch nous livre sa vision de la « nouvelle figuration » dans laquelle il occupe désormais une place à part.
En 1991, à l’occasion de l’exposition « Images d’hommes», organisée par la Galerie Maguy-Marraine, Ernesto Drangosch dit : « Aujourd’hui je me sens proche d’une famille d’artistes qui travaillent l’image en mélangeant les genres, sans s’aligner sur une tendance… En fait, je crée ma réalité qui est une réalité mentale, souvent dépouillée, qui prend naissance dans des obsessions venant de l’inconscient ».
De santé fragile, diabétique depuis l’âge de trente ans, on lui diagnostique un cancer en 1995. Après avoir été opéré et soigné à l’hôpital, il continue à peindre et fait une dernière exposition à Paris, à la Galerie Mostini. Il est à nouveau hospitalisé au début de l’année 1997 et après un bref répit de quelques mois, il décède le 18 novembre 1997, quelques jours après son 52e anniversaire.